Aymen Mahious, c’est d’abord une gueule. Un beau gosse, silhouette élancée, carrure d’athlète. Et puis un joueur complet.
Appels, contre-appels, jeu de tête, vitesse, frappes dans toutes positions, du genre plutôt malicieux d’ailleurs face aux gardiens.
On n’est pas près d’oublier son penalty contre la Côte d’Ivoire, avec une course d’élan bloquée avant d’ouvrir le pied. Et tout ça, à la 90e +7, avec sang-froid.
Depuis le début du CHAN, l’Algérie lui doit une fière chandelle. Contre la Libye, en match d’ouverture (1-0), puis l’Ethiopie (1-0, J2), il a frappé.
Muet lors de la J3 contre le Mozambique -il n’était que remplaçant- il reprend sa marche en avant lors des quarts.
Avant le CHAN, les critiques n’ont pourtant pas épargné le numéro 18 algérien, notamment éreinté pour son inefficacité réelle ou supposée : à peine trois buts inscrits en championnat avant la trêve décrétée par le CHAN…
Le meilleur buteur national, en l’occurrence, s’appelle Ahmed Kendouci (ES Sétif) et précède Sofiane Bayazid (USM Khenchela). Un attaquant présent au CHAN qui n’a pas la préférence de Madjid Bougherra. Contrairement à Mahious.
Pour Mahious (25 ans), natif de Taher, dans la wilaya de Jijel, tout a commencé chez lui, au MC Taher, avant de rejoindre le CS Constantine dans les catégories de jeunes où ilsn’est pas conservé. Taher est réputée pour être une pépinière de joueurs comme de crossmen.
A 19 ans, il signe à la JS Jijel (qui navigue entre D2 et Régionale) le temps d’une saison, avant d’être recruté par un club plus huppé, le CA Batna.
En mai 2018, l’USM Alger lui offre un contrat de trois ans, séduit par ses qualités de finisseur. Il s’illustre rapidement avec l’USMA, que ce soit en Coupe de la Confédération ou en Coupe arabe.
Mais pas assez (1 seul but en championnat) pour être conservé par le club de la capitale, qui le prêt à l’AS Aïn Mlila à l’été suivant.
« Je n’ai pas compris comment le club l’a libéré, note notre confrère Mohamed Haouchine, de Radio Algérie. Mais il l’a récupéré la saison d’après ».
Là-bas effectivement, il n’inscrit qu’un but mais pèse énormément sur le jeu de son équipe. Alors l’USMA le rappelle.
Les saisons s’enchaînent alors et se ressemblent (4 en 2020, 3 en 2021 puis une poussée à 8 buts en 2022) mais ses qualités athlétiques et son tempérament finissent par attirer l’attention le coach Bougherra, qui suit naturellement les joueurs « mahali », c’est-à-dire les locaux.
En équipe nationale, il a également goûté à la catégorie U23 en 2019, mais ne disputera par le tournoi africain préolympique, l’Algérie ayant été éliminée par le Ghana.
Cette même année, il est aussi appelé en éliminatoires du CHAN 2020. Quand débute l’opération CHAN 2022, il y a un peu plus de 18 mois, Bougherra retient le jeune attaquant.
En décembre, il marque contre le Sénégal (2-2) à Annaba en match de préparation. Il ne le sait pas encore, mais son tournoi est lancé.
La suite est connue : deux buts au 1er tour du CHAN, un en quart, décisif, face aux Eléphants ivoiriens, et un doublé exceptionnel en demi-finale (5-0) contre le Niger à Oran.
Avec 5 buts, Mahious est tout simplement le meilleur réalisateur du tournoi.
Avant la demie, interrogé sur l’USMA, il a expliqué qu’il était sous contrat et qu’il souhaitait « l’honorer jusqu’au bout ». Tout en précisant qu’il souhaite désormais entrer chez les A.
Ca tombe bien : celui qui rappelle Islam Slimani – « Il y a effectivement des similitudes dans son jeu avec Islam, notamment dans le jeu aérien », précise Mohamed Haouchine – pourrait faire partie du prochain groupe appelé à affronter le Niger en mars prochain, en éliminatoires de la CAN 2023.
Il n’est pas le seul à pouvoir y prétendre. Djamel Belmadi cèdera-t-il à la pression médiatique ? Bougherra étant très proche du sélectionneur, les deux hommes ont certainement pu évoquer cette perspective.
C’est un tout cas un garçon désormais en pleine confiance qui va aborder la finale du CHAN, samedi contre le Sénégal, à Alger.
@Frank Simon, à Oran