C’est le jour J pour le Qatar. Douze ans après avoir obtenu de la FIFA la mission de recevoir le premier Mondial de football jamais confié à un pays arabe, le richissime émirat gazier est à quelques heures de savourer le fruit de son travail et des incroyables investissements consentis.
On évoque la somme faramineuse de 200 milliards de dollars tout compris : stades, infrastructures de communication, hébergement, routes et aéroports. Un immense chantier qui a accéléré la transformation du pays.
Mais deux lustres aussi durant lesquels le pays chargé de façonner le plus grand événement sportif de la planète avec les Jeux olympiques a essuyé les critiques les plus virulentes principalement de la part du monde occidental.
Procès en illigimités en tous genres : » Ce n’est pas un pays de football »; » ils ont acheté les voix des votants de la FIFA »; » ils ne respectent pas les droits des travailleurs étrangers dont beaucoup meurent sur les chantiers »; » ils agressent la planète en climatisant les stades. »
Jusqu’aux appels au boycott de la compétition qui se sont multipliés à deux ou trois mois du coup d’envoi de l’épreuve phare de la Fifa.
Le problème, c’est que si les causes invoquées sont justes et méritent bien sûr débat, réflexion et action, les Qataris, qui ont tenu bon dans la tempête, ont l’impression d’être devenus les bouc-émissaires les plus faciles à charger.
Alors, ils réagissent et essayent de montrer qu’ils sont prêts à écouter certains reproches et à évoluer dans le sens de l’histoire. Ils demandent donc à leurs contempteurs de ne pas ignorer les efforts qu’ils font et vont continuer de faire pour avancer dans la bonne direction.
Ils espèrent aussi que le football va reprendre ses droits au moins durant un mois. Parce qu’ils ont la certitude que cette parenthèse sportive va laisser des traces positives pour leur pays mais aussi dans toute la région.
En 2018, au soir de la finale du Mondial France – Croatie à Moscou et après la transmission du bâton de témoin entre le dernier organisateur, la Russie, et son successeur, le Qatar, la cheville ouvrière de Coupe du monde 2022, Hassan Al Thawadi, rappelait déjà qu’il croyait sincèrement que cet événement sportif suivi par des milliards d’êtres humains à travers la planète pouvait contribuer au changement des mentalités, pour le meilleur, dans son pays et dans toute la région :
« C’est une « opportunité unique » pour le Moyen-Orient et le monde arabe, avait affirmé le dirigeant qatari en s’adressant à la jeunesse de son pays, ce n’est pas un tournoi qui rassemble les gens, célèbre le football et puis disparaît.
Si vous comprenez vraiment ce qu’il peut représenter pour vous, pour la nation, cela changera vos vies. Cela peut changer l’histoire. Cela peut changer les perceptions, les économies, sociétés et industries ».
Pour Hassan Al-Thawadi le polyglotte, homme d’ouverture à toutes les cultures, le Mondial 2022 ne peut être qu’une chance:
« Il s’agit d’une opportunité unique dans la région. Une région absolument folle de ce sport. Les habitants de cette région vivent, boivent et respirent le football. Clair et simple. C’est le seul dénominateur commun ».
@Faycal CHEHAT
Rédacteur en chef et fondateur de www.2022Mag