Etre un grand buteur, c’est un métier. Pendant une vingtaine d’années, l’Egyptien a justifié pleinement cette réputation en club comme en sélection. La CAN 1998 au Burkina Faso fut certainement le sommet de cette carrière, avec plusieurs matches d’anthologie…
L’AVANT-MATCH. A 18 ans, Hossam Hassan fait déjà partie du onze du Ahly cairote. Attaquant précoce, renard des surfaces, il part pour un long règne dans le football égyptien qui commence à chercher des héritiers à l’icône Mahmoud « Bibo » Al-Khatib, en fin de cycle. A vingt ans, il dispute et remporte sa première CAN, chez lui, au Caire. Bien sûr, il n’est encore qu’un remplaçant mais il va enchaîner les titres en club et les compétitions avec les Pharaons. CAN 1988, CAN 1990, Coupe du monde 1990 en Italie, transfert au PAOK (D1 GRE) en 90-91 puis à Neuchâtel Xamax (1992-92) avant de rentrer au pays. Après la CAN 1992 au Sénégal totalement ratée pour l’Egypte, il ne sera pas des deux éditions suivantes en Tunisie puis en Afrique du Sud, où on lui préfère Ahmed El-Kass, le Nubien qui s’est révélé à l’Olympic d’Alexandrie avant de rejoindre Zamalek. C’est pourtant lui que Mahmoud El-Gohary rappelle pour la CAN 1998 au Burkina Faso. Hossam a 31 ans et incarne un peu la génération précédente. Mais il va réaliser la meilleure CAN de sa carrière.
LE MATCH. L’Egypte rejoint Bobo Dioulasso en province, et elle est hébergée dans une grande maison aménagée avec de nombreuses chambres et un espace restauration. Les Egyptiens commencent par se plaindre de conditions jugées spartiates et menacent même de partir, tandis que leurs adversaires, logés en face d’eux, se taisent. Le 10 février, les Pharaons éteignent le Mozambique (2-0) avec un doublé réalisé en première période par Hossam Hassan. Deux buts de pur renard qui en disent long, à la fois sur sa motivation et sa forme. Trois jours plus tard, Hossam va signer son récital contre la Zambie, demi-finaliste 1996 et finaliste 1994. Il signe un triplé, aux 34e, 57e et 71e minutes. Ses réalisations sont celles d’un joueur toujours bien démarqué, intelligent dans ses courses, précis dans ses frappes et surtout, doté d’un sang-froid incroyable devant le but. A chaque but, il part dans une course folle, moulinant des bras. Son bonheur est extatique. Hossam Hassan est heureux sur le terrain et ça se voit. Avec cinq buts en deux matches, il est déjà le meilleur buteur de la compétition. Avec un attaquant dans la forme de sa vie, tout est envisageable pour l’Egypte, qui court après une couronne africaine depuis 1986.
L’APRES. Que ce soit face au Maroc (0-1) lors du dernier match de poule ou en quart devant les Ivoiriens (0-0, qualification aux tirs au but), Hossam ne marque pas. La machine à buts souffle. Mais elle va se relancer dès les demies, contre le pays organisateur, le Burkina Faso. Un but par mi-temps, le premier sur une frappe mal repoussée par Ibrahim Diarra le gardien (40e), le second sur un une-deux qu’il conclut dans la surface (71e). L’Egypte est en finale, Hossam en profite pour rejoindre le Sud-Africain Benni McCarthy (7 buts) en tête jusqu’alors. En finale face justement à son jeune rival, il ne marquera pas. La rencontre est très tactique, l’Egypte pique deux fois les Bafana Bafana dans le premier quart d’heure. Ce sera le score final (2-0). Hossam, on le retrouvera encore lors de trois autres CAN : 2002, 2004 et 2006. La dernière, il la dispute à 39 ans révolus et il va la gagner ! Capitaine de ce groupe, il dispute trois matches, marque un but. L’homme qui a conquis 25 titres avec le Ahly a joué au Zamalek, à Tersana, Al-Masry de Port-Saïd et même à lttihad Alexandrie, à 41 ans ! Dans la foulée de cette carrière de grand buteur, Hossam est entré dans le métier de coach en 2008. Cette saison, il dirigeait Smouha, l’un des clubs d’Alexandrie. En douze ans, il n’a jamais coaché le Ahly, là où il a pourtant remporté la majeure partie de ses titres, un club dirigé par Bibo al-Khatib. En 21 ans de carrière en sélection, il aura cumulé 176 capes internationales, et gagné trois CAN, la première et la dernière à vingt ans d’écart. En Egypte, il demeure évidemment une légende pour sa longévité, ses titres et son efficacité, même s’il n’a remporté localement que deux fois le titre de meilleur buteur (1999, 2002).
@Samir Farasha