Ayant rejoint les Fennecs deux ans seulement avant l’organisation de la première Coupe d’Afrique des nations en Algérie en 1990, l’attaquant Chérif Oudjani restera à tout jamais dans l’histoire du football national comme l’homme qui a scellé la victoire en finale face au Nigeria (1-0). Et cela après avoir été plutôt maladroit lors du tournoi.
L’AVANT MATCH. C’est à Lens, une terre de foot française s’il en est, qu’a vu le jour Chérif Oudjani, devenu un grand gaillard d’1m 87. C’est toujours à Lens, sous les couleurs Sang et Or, qu’il fait ses classes hormis deux courts intermèdes passés au,Stade Levallois puis au Racing Club de France en région parisienne. Dans l’équipe de sa ville natale, Chérif connaître seulement deux saisons pleines durant lesquelles il disputera en tout et pour tout trois saisons régulières. Avec les chiffres suivants ; 1986: 16 matches et 6 buts. 1987-1989 : 67 matches et 27 buts. Question palmarès, celui qui avait rejoint les Fennecs dès 1988 a dû se contenter d’une finale de la Coupe Gambardella réservée au moins de 20 ans Dans cette région du nord de la France, alors celles des mineurs de fond, populaire et humaine, Chérif a dû se montrer à la hauteur d’un nom rendu célèbre par son père Ahmed, ancien de l’équipe du FLN, et redoutable fer de lance de l’attaque lensoise entre 1958 et 1965 puis de 1970 à 1972 et auteur de 142 buts en 201 matches.
LE MATCH. Lorsqu’il est convoqué dans le groupe des Fennecs pour disputer la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations par le vieux sage, Abdelhamid Kermali, qui a bien connu son père Ahmed, le grand Chérif avait troqué la tunique Sans et Or pour celle bleue d’un autre club historique du football français, le FC Sochaux. Oudjani n’a que 26 ans en mars 1990 et ne s’imagine pas un instant qu’il va vivre un moment historique pour l’Algérie et qu’il allait être l’homme du dénouement favorable. Cette CAN s’est pourtant déroulée dans une ambiance bizarre à la limite du détestable en raison d’une tension politique incroyable symbolisée par la montée en puissance d’un parti islamiste sans concession et annoncé comme un grand péril pour la démocratie algérienne naissante.Tous les matches des Fennecs se sont joués à guichets fermés de la facile victoire face aux Aigles Verts du Nigeria (5-1) en passant par le choc avec l‘Egypte (2-0), joué dans un contexte houleux et à la limite du dérapage, jusqu’à la passionnante et difficile demi-finale contre le Sénégal (2-1) dirigé par Claude Le Roy. Les retrouvailles le 16 mars avec la très jeune (22 ans de moyenne d’âge) formation nigériane en finale laissaient croire à un nouveau cavalier seul des Verts. Mais les 90 000 supporters entassés dans le stade olympique vont finalement beaucoup souffrir. Car la sélection ouest-africaine avait décidé de vendre très cher sa peau.
En effet, sur le terrain, les deux formations ne se montrèrent pas à la hauteur de leur talent ni de l’événement. La prudence des deux côtés fit en sorte que le match n’a jamais atteint l’ntensité et le niveau technique espérés. Les Fennecs avaient visiblement peur du faux pas. Cette hantise de trébucher si près du but. De son côté, le Nigeria, tel un chat échaudé, avait décidé de resserrer les boulons. Cela donna un match haché et embouteillé au milieu du terrain. Les attaquants algériens, dont l’inusable Rabah Madjer, avaient du mal à hériter de bons ballons. À l’évidence, ce match tendu, physique, n’était pas fait pour les artistes mais pour les puncheurs, les opportunistes impitoyables. Et l’Algérie en avait un dans ses rangs: Chérif Oudjani. Et c’est tout normalement que l’Artésien – qui n’avait inscrit qu’un seul but lors de la face victoire face à la Côte d’Ivoire- va délivrer un public rendu fou par le stress et une équipe gagnée par l’inquiétude. Oudjani ouvrit le score à la 38ème minute sur une formidable inspiration et un tir des vingt mètres surpuissant. Un but éclair. De ceux qui découragent l’adversaire et éteignent les débats. De ceux qui offrent un trophée historique et tellement symbolique. Chérif a raconté bien des années plus tard sa réussite : « « On relance de l’arrière, Moussa Saïb me glisse une passe à vingt mètres. Je frappe. C’est le type de but que je n’avais pas l’habitude de marquer. Moi, comme mon père, on a toujours préféré être dans la surface. » La victoire de 1990 à récompensé les quelques rares survivants d’une génération exceptionnelle qui avait raté le coche entre 1980 et 1988. Reconnaissant, Kermali offrit au grand Chérif la possibilité de savourer une ovation mémorable du public en le remplaçant à la 89e minute par Rahim, un attaquant jeune et prometteur.
L’APRÈS MATCH; Chérif qui a hérité du nom rendu célèbre par son père au même poste d’artilleur n’a certes pas réussi à construire une grande carrière, mais il lui restera pour toujours cette ligne enviable inscrite au palmarès du football algérien. Tellement enviable, qu’il a fallu attendre trente ans pour que d’autres joueurs algériens puissent en écrire une deuxième. Grâce à son exploit individuel réalisé un certain 5 mars 1990, Chérif s’est fait un prénom. Il a en quelque sorte rejoint son géniteur au paradis des « Saints Marqueurs » Que ce soit à Lens, à Sochaux ou à Valenciennes, l’Algérien a su assurer sa part d’efficacité.
@Fayçal CHEHAT