« Rémi bonjour ! Dans quelles circonstances avez-vous rejoint les King’s ? Expliquez-nous la genèse de ce projet…
Initialement, j’ai toujours été attiré par le continent africain avec une envie plus prononcée pour l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest. J’avais l’ambition de me confronter à de nouvelles réalités depuis un moment.
Le board des Nouakchott King’s, par rapport à son ADN, souhaitait avoir un profil qui soit passé par la post formation pour pérenniser la moyenne d’âge de 23 ans, tout en étant capable de répondre à la compétitivité.
J’ai compris que la tâche allait être double et ardue mais je souhaitais sortir de ma zone de confort par rapport à mes misions antérieures.
Quelles sont les ambitions sportives ? De quels moyens disposez-vous pour les atteindre ?
Nous avons beaucoup échangé sur la professionnalisation de l’équipe. L’équipe dirigeante a une vision de structuration du club avec des profils d’avenir tout en ayant des joueurs d’expérience en capacité de transmettre leurs vécus, transmettre le flambeau.
Aux King’s, la star doit être le club et l’équipe. Comme j’aime le dire, « pour vivre heureux vivons cachés! » Si nous travaillons avec un excellent état d’esprit en faisant preuve de sang froid nous serons récompensés de nos efforts.
Dans l’ensemble, nous avons des moyens de qualité, que ce soit sur les plans humain ou structurel. Nous pouvons toujours nous améliorer, c’est une évidence, mais il me semble que nous sommes convenablement lotis.
On imagine que vous avez réalisé un audit du club et du groupe à votre arrivée. Quel est votre bilan à la prise de fonction ? Ou faut-il progresser ? Avez-vous pu recruter ?
Nous avons repris mi-juillet les entraînements mais en amont et grâce à la plateforme FIFA Plus, j’avais pu regarder une grande partie des matchs de Super D1.
J’ai donc pu observer environ 70% des matchs. Celui qui sous estimerait la Super D1 ferait une grossière erreur car il y a plusieurs profils d’équipes dans ce championnat. Du coup, il faut être dans l’adaptation constante.
On retrouve des équipes avec un projet de jeu défensif, très active sur les transitions, des équipes joueuses offensivement et des équipes où il faut répondre au défi athlétique dans le bon sens du terme.
Dès ma prise de fonction, j’ai remarqué rapidement que nous devions être plus performant dans le domaine offensif, et attaquer les espaces dans la profondeur.
J’aime parler de possession positive et nous sommes en amélioration sur cet objectif de jeu. La notion du temps pour un entraîneur est complexe. Clairement et sans langue de bois, nous devons aller plus vite sur cet axe d’amélioration.
Sur quoi avez-vous axé le travail d’avant-saison ?
Avant d’évoquer le modèle de jeu, il est fondamental de mettre en priorité l’état d’esprit.
Vous pouvez avoir le meilleur projet de jeu, la plus grande technologie, les meilleures infrastructures, les meilleures individualités du monde si vous n’avez pas l’état d’esprit vos intentions techniques ne seront pas transférables.
Il faut prendre en compte la richesse des caractéristiques du footballeur mauritanien, qui est un brassage culturel entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne.
Lors de mes observations du championnat, j’ai régulièrement noté que les joueurs manquaient de volume à la partir de la 70e minute.
Nous préparons le championnat de Super D1, pas le championnat des matchs amicaux. Donc nous sommes partis du principe que nous devions opérer un gros travail de fond pour durer sur l’ensemble de la saison.
Nous avons deux principes défensifs et trois principes offensifs qui sont des invariants non négociables. Il vaut mieux mettre moins d’objectifs de jeu que de créer de la confusion dans la tête des joueurs. Comme disait un grand entraîneur « Le plaisir, c’est le plaisir de se comprendre ».
Parlez-nous de vos premiers matchs de préparation. Qu’en est-il des axes de progrès ?
Très clairement, nous devons faire mieux car nous sommes encore sur courant alternatif. La réalité du foot de haut niveau, c’est l’efficacité.
Par contre, je sais que l’ensemble du groupe a conscience que nous sommes proche des attentes. Je dirai que nous devons amener plus de folie et de créativité dans les espaces de déséquilibres et avoir un dépassement de fonction plus conséquent.
J’ai apprécié le correctif des joueurs offensifs sur notre dernier match amical contre N’Zidane. Si ces profils continuent ainsi, ils seront récompensés sur les critères d’efficacité. Le collectif permet d’être solide et de ne pas perdre, les individualités doivent nous permettre de gagner.
Un petit mot sur votre groupe, qui compte des internationaux, nous semble-t-il…
Effectivement ! Nous avions Moulaye Idriss qui était avec les Mourabitounes lors du récent CHAN. Mais Moulaye a eu l’opportunité de signer dans les dernières heures du mercato en Ligue 1 Pro tunisienne.
C’est une perte conséquente pour le groupe mais il a 24 ans et ce départ pour l’étranger peut-être un tremplin pour la suite de sa carrière.
Nous avons aussi Abderrahmane Sarr, le gardien de but actuel de l’équipe nationale au CHAN et titulaire avec l’équipe A contre le Soudan du Sud et le Togo début septembre en éliminatoires de la CdM 2026.
Abderrahmane est passé en pré formation et formation par l’académie de la FFRIM, il possède donc un socle solide sur les aptitudes du gardien moderne. Il est standardisé pour sortir du pays à moyen terme s’il continue sa progression, à lui de faire le taff.
Où se trouve votre base de travail ? Au stade Cheikha Boidiya ou ailleurs ?
Beaucoup d’équipes s’entrainent au stade de la fédération (Cheikha Boïdiya) pour des raisons d’infrastructures et de démographie. Au Kings, nous avons la chance de posséder notre propre centre d’entraînement équipé d’un terrain synthétique.
Le terrain synthétique doit subir un entretien d’ici peu. Nous disposons aussi d’une salle de réunion et d’un bureau, en cours de finalisation.
Nous nous appuyons aussi sur le siège du club situé à 10 minutes du centre d’entrainement, il est équipé de différents bureaux et de chambres pour loger certains joueurs de l’équipe pro et de la formation.
Le championnat débutera pour vous contre Gendrim, Les King’s seront-ils d’attaque pour se mêler à la lutte pour le titre derrière le FC Nouadhibou ?
Le Fc Nouadhibou reste sur huit titres d’affilée. Culturellement, ils sont en avance sur l’ensemble des clubs du championnat. Néanmoins, je ne vois pas le championnat que sous le prisme du FC Nouadhibou.
L’As Douane, sous la responsabilité du coach Popo, fait un excellent travail au niveau de la qualité de son jeu. Le Fc Tevragh Zeina propose aussi des belles idées de jeu grâce à son entraîneur Mohamed Lemine Khairy qui a passé son diplôme UEFA B en Allemagne.
Chemal FC est aussi une équipe difficile à jouer, l’As Gendrim a de la puissance, la SNIM est un club historique, NAF a des joueurs post formation, il y a quelques similitudes avec nous. De plus, les déplacements en dehors Nouakchott et Nouadhibou sont des vrais matchs d’homme.
Je souhaite qu’on réalise un championnat en étant pragmatique et en répondant aux critères d’efficacité : protégeons notre but et marquons un but de plus que l’adversaire.
Avec le l’équipe dirigeante on privilégie une grande humilité au niveau du discours mais une grande ambition au niveau du process de travail.
Je peux juste mettre en évidence que si notre travail est de qualité médiocre nous ne seront pas à la lutte. Si notre travail est de qualité nous optimiserons nos chances d’être à la lutte. C’est aussi simple que ça !
Avez-vous échangé avec les autres techniciens locaux et le sélectionneur national. Si oui, quelles ont été les axes de discussions ?
Alors oui, bien sûr, j’ai des échanges très courtois et agréable avec mes confrères. J’ai remarqué que vu la grande densité de population à Nouakchott, tous le monde se connait plus ou moins, c’est un petit « village ».
APrès, je n’ai pas eu d’échanges avec le coach national Lopez Garai mais il m’est arrivé d’avoir des échanges informels avec les cadres de la FFRIM, comme Samba Gaye qui est responsable de la formation des entraîneurs et Luis Fuertes le DTN.
L’ensemble des échanges avec mes confrères est plus de l’ordre du respect que d’échanges techniques factuels. Je suis de nature empathique mais j’apprécie la discrétion, 99% de mon temps est dédié au King’s.
Dernières questions liées à votre effectif : avez-vous des joueurs étrangers ? Le club dispose t’il d’une académie, d’un centre de formation ou plus basiquement d’une équipe de jeunes (voire plusieurs). La prospection se fait comment ?
En super D1, nous avons le droit à cinq joueurs étrangers sur le terrain, il me semble que nous avons trois joueurs étrangers.
Le président est très attaché à la formation des jeunes et de façon plus large à la jeunesse mauritanienne. Au King’s nous disposons d’une équipe de U15, de U17 et de U19, qui participent aux championnats nationaux jeunes,.
Les King’s sont traditionnellement portés vers la formation et créent des passerelles vers l’équipe première à condition que l’équipe première ait des besoins précis.
J’ai pu voir plusieurs matchs de nos équipes en formation. Par contre, concernant la prospection, je n’ai pas encore assez de recul ».
Propos recueillis par @Frank Simon
